Un ouvrage de Camoui Wedja, Cauchard Aurélie, Pada Imelda
ALK
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2018

Camoui Wedja, Cauchard Aurélie, Pada Imelda, Lexique thématique caac et jawe, ALK, Nouméa, 2018.

Lorsque les autorités protestantes se préoccupèrent de l’évangélisation des kanak au début du XXe siècle, Maurice Leenhardt fut envoyé comme missionnaire en Nouvelle-Calédonie, par la Société des missions évangéliques de Paris. En 1902, il y créa la mission de Do Neva à Houailou.

Conscient des responsabilités qui l’incombaient en tant que missionnaire, il passa vingt-cinq ans à étudier les us et coutumes indigènes dans leur quotidien, afin de les comprendre et de les décrire pour pouvoir y introduire des éléments nouveaux, issus de la religion chrétienne.

Ces observations participatives lui ont permis de découvrir entre autre le fonctionnement de la langue de la région, l’a’jië :

« Nous sommes donc instruits de la représentation très sûre que le Mélanésien a de son corps externe. […] Les principales parties du corps sont groupées en trois éléments, qui ont chacun son titre et sa définition:

L’enveloppe de surface : la peau, kara (terme qui signifie aussi l’écorce).

La masse des chairs et muscles : piē, qui indique le consistant ou la nodosité, la chair ou le noyau du fruit.

Les parties dures du corps : l’ossature qui comprend les os courts ou long ju, terme désignant aussi bien le coeur du bois et les débris de corail […]

Les os enveloppants, pērē, le crâne et aussi l’ongle, la coquille terrestre ou marine, la calebasse […] »

LEENHARDT Maurice, 1947, Do kamo La personne et le mythe ans le monde mélanésien, 2014, Domont, Collection Tel (n° 95), Gallimard, p.61

A l’instar de l’a’jië, la construction des langues caac et jawe de l’aire Hoot ma Whaap découle également du corps humain : on parle de bras pour exprimer les branches des arbres, de tête pour le sommet d’une montagne et de doigts pour identifier les feuilles.

Ces spécificités linguistiques, basées sur une construction allégorique et métaphorique, ont intrigué l’ancien maire de Pouébo, Joseph Pada, qui a contacté l’académie des langues kanak en 2012, dans le but de promouvoir le caac, sa langue maternelle. La chargée d’études de l’antenne ALK - Hoot ma Whaap, Wedja Suzy Camoui, locutrice du jawe, a facilité la valorisation de ces deux langues à travers un lexique comparatif.